déclive soir

Le poème veut aller vers l’autre, il a besoin de cet autre, il en a besoin en face de lui. Il le recherche, il se promet à lui.
Paul Celan


prolonger par un nouveau texte : langue (2)

travaille, dénoue le comble, le faisceau : ruisselle : environne le malaise et crée l’estompe sur le fil, la passerelle non assise, la déclive soir au déhanché imperceptible : équarrie de front, l’heure jure à même ses hoquets : une giclée suraigüe, au plus mal, puis cet appétit de mourir qui empêche de voir : l’accroc bataille dans l’épaisseur de la ligne, trou lié à la matière de l’hiver, blancheur intenable : ossements du vocabulaire, là mis à jour comme l’évidence d’un beau fruit, ce mystère

au froid je n’ai rien qu’une marge, un accostage lent d’impatience alitée, maladive : dans le sang retourné, plus blanche, neige aux scellés d’approche, qu’aurais-tu vu de neuf ? plus que sans trace, un point d’incidence flou, renié : de vieillesse, un vide gonfle la peau des murs, sans possibilité de se mouvoir : la banquise est assourdissante, ses routines de langue fracturent mon sommeil

au soir les clients vont, les chiens suivent et les déserts transhument : il y a de la mère dans le geste d’adieu, à sa fenêtre de notes, de mouches et d’ennui : dormition du hasard, bricolage, lettre morte : mais tout le silence active les capteurs de l’entaille, et les contours brûlés identifient la mise où je pose mon corps : mémoire cadastrée d’intime division, je me donne d’ombre, et aussi d’allégresse, enfin rejointe, cessant d’aller

loué à verse, épicentre terreux par le regain crispé, lancé d’échos : je le tiens toute femme, le souffle, vertigineux abri où l’urgence rabâche, où l’entrave cloue : long fixe des sphères, paliers rouges quant à l’autre mordant, mâchant l’effondrée sur un lit de guingois : cécité aux lèvres noires, le débord libère, encre au seuil, un beau lustre de joie : ces jus muets

tracé d’une hâte, ou tangence émaciée de visages fuyants, désassemblés de leur formule charnelle : je n’ai plus cours et me terre dans ma bouche à comptines, petite monnaie plastique au toucher allusif, devant le temps multiple, cordé de bêtes serves : à même preuve difficile, simple caresse à l’appui, amnésique, venue de rien, là remarquable avec ses mots rouillés : absolument première, à l’heure, prête, à l’aplomb de sa ligne


LES MOTS-CLÉS :

© Michèle Dujardin
1ère mise en ligne et dernière modification le 19 mars 2018
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